Chapitre 1

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Du sang et des larmes.
La poussière m'irritant les yeux n'est pas seule responsable de celles qui coulent sur mes joues.
Ce n'est pas la première fois que je perds des amis lors d'un combat. Ce n'est sans doute pas la dernière.

Mais autant ?

Je regarde autour de moi. La salle – une salle de repos autrefois – est dévastée. Ça et là, des brasiers causés par les tirs de blasters menacent à tout moment d'enflammer le peu de mobilier ayant survécu à la confrontation.
Je fais un pas en m'essuyant les yeux du revers de la manche et manque de trébucher sur un corps encore tiède. Je reconnais l'écusson. Celui-ci n'était pas très agréable avec les autres membres de l'équipage. Mais il était utile.
Je me penche et arrache l'écusson, emportant une partie de la manche du malheureux dans mon geste. Je le glisse ensuite dans ma poche. Avec les autres. Beaucoup trop d'autres, hélas.

Je passe à la salle suivante en me demandant comment on a pu en arriver là.

Ok, déjà à la base, attaquer ce labo Apex était vraiment une idée à la con. Mais le jeu en valait la chandelle, n'importe quelle information exclusive concernant leurs recherches pouvait se vendre cher au marché noir.
Je traverse une salle d'expérience emplie de bidons en tout genres, dont certains, percés, laissent échapper une étrange fumée violette de mauvais augure. Je presse le pas en ruminant mes pensées.
La seconde mauvaise idée avait été de vouloir continuer malgré la présence importante de troupes armées. Bon, on avait déjà combattu pas mal d'adversaires, mais jamais une troupe d'élite Apex. On aurait dû laisser tomber...
Je traverse un corridor en entendant au loin mes "compagnons" mercenaires se livrer à un pillage en règle. J'aurais aimé les accompagner plutôt que de faire cette sale besogne que de compter les morts. Mais c'est mon travail, et j'ai une petite prime de risque pour ça – parfois, les morts sont accompagnés de quelques survivants hostiles...

J'émerge de mes pensées en prenant conscience du changement d'environnement.
Les murs auparavant constellés d'impacts sont maintenant lisses comme du verre. Aucune goutte de sang ne tache le sol. Pas de fumée donnant à la lumière des plafonniers une couleur grisâtre.
Apparemment, j'ai terminé. Il n'y a pas eu de combat par ici. Et si des survivants s'étaient cachés ici, il y aurait eu des traces sur le sol.
Je suis donc libre de me remplir les poches avec autre chose que les écussons de mes camarades morts.
Je regarde vaguement les panneaux, essayant de trouver un indice sur la direction à prendre. Puis je hausse les épaules et me dirige vers une porte au hasard.
Armé de mon codex, j'entreprends de récupérer le maximum d'informations pouvant se vendre à bon prix. C'est après plusieurs dizaines de minutes à parcourir des dossiers en tout genre que c'est arrivé.

Je venais de retourner une salle entière emplie de documents, et alors que je me dirigeais vers le lieu de rendez-vous avec mes compagnons, un bruit a attiré mon attention.
J'ai souvenir d'avoir sorti mon blaster, par précaution, et je suis entré dans la pièce d'où provenait le son.
Une salle de contrôle, comme tant d'autres. Avec ses écrans, ses micros, ses documents et ses posters du Miniknog. Le son provenait d'un des haut-parleurs.
Là, à travers une caméra de surveillance, je pouvais voir une florane dans sa cellule. C'est elle qui avait produit l'étrange bruissement que j'avais entendu.
Je savais que les Apex faisaient des expériences sur tout et n'importe quoi – parfois même des êtres humains – mais je n'avais jamais entendu parler d'une quelconque étude sur les florans. En même temps, il aurait fallu capturer un floran vivant, et ce n'est pas mince affaire...
Mais apparemment, ils avaient réussi à le faire. La cellule n°549 contenait un spécimen de floran à l'apparence femelle, bien vivant. En parfaite santé, je n'aurais pas pu le dire, mais connaissant les scientifiques...
En la voyant seule dans sa cellule, prostrée à même le sol, je fis la chose la plus stupide de ma vie. Comment expliquer un tel acte ?
Après avoir récupéré une carte d'accès traînant sur une table, je me suis dirigé vers la cellule n°549.

-Tenez-la bien !
-Elle m'a mordu, dépêchez-vous !
Dans une des salles d'opération du complexe de recherche Apex, tout le monde s'activait autour d'une pauvre Florane. Elevée ici depuis qu'elle n'était qu'une graîne, les Apex l'étudient depuis, cherchant à percer chaques secrets de son espèce.


Soudain, un bruit strident vint stopper net toute l'assemblée.
-Bon sang ! L'alarme ! Remettez-la vite dans sa cellule, on finira tout cela plus tard.
Deux gardes en armure de combat entrèrent dans la salle, l'empoignèrent brutalement tandis qu'elle essayait de les mordre en pleurant, puis la traînèrent violemment jusqu'à sa prison de verre, sans même prendre le temps de refermer son bras qui venait d'être ouvert pour leurs sombres expériences. Arrivés à la cellule, ils la jettèrent sans ménagement à l'intérieur.


Une vingtaine de minute plus tard, alors que le calme revenait, le grand complexe de recherche Apex résonnait tout juste des bruits des mercenaires s'adonnant au pillage. Dans sa cellule, toute seule, elle pleurait. La douleur à son bras la tirraillait de toute part, sa sève s'écoullait lentement de l'ouverture béante. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait, ni pourquoi ils s'en prenaient ainsi à elle...
La porte s'ouvrit dans un souffle sur un jeune homme couvert de sang et de sueur, haletant, l'air fatigué, les poches pleines.
-Sors, tu es libre, dit-il dans un souffle, presque à regret.

Elle le regarda fixement de ses grands yeux encore mouillés, sans comprendre. Que lui voulait-il ?

Il s'avança alors lentement, comprennant qu'elle devait être effrayée.
-Tu es libre, tu peux sortir... ajouta-t-il, la main tendue en signe d'apaisement.

La jeune pousse trembla comme une feuille morte. Elle ne voulait pas retourner dans le laboratoire, elle avait peur. Mais celui-là semblait différent. Il avait moins d'herbe morte sur le visage, il semblait amical... Mais la peur fut plus forte, elle claqua violement de la machoire à quelques centimètres des doigts du jeune homme.

Dans un sursaut, se rappelant le danger que réprésentent les Florans, le mercenaire se remit à l'entrée.
-Dépêche-toi de sortir, si tu veux vivre !
Ne voyant aucune réaction de la part de la jeune pousse, il parti en grommelant.
-Foutue ingrate...
Les bruits de pas s'éloignèrent. La Florane resta pétrifiée un instant, ne sachant pas quoi faire, ni trop ce qu'il venait de se passer... Puis, voyant la porte ouverte, se redressa avec difficulté et tituba vers "la liberté".
Tout était devenu calme, la base semblait entièrement morte. La jeune pousse avait du mal à continuer à avancer, sa sève s'étalait sur le sol, elle avait mal, très mal, sa vue devenait trouble. Elle se traîna à travers plusieurs couloirs, quand elle entendit du bruit.
-Sacrée bataille... On a perdu beaucoup de monde ?
-Beaucoup trop...
Les bruits se rapprochaient dangereusement, elle se glissa le plus rapidement possible dans une bouche d'aération. Elle vit alors deux autres créatures sans herbes mortes sur le visage, tout comme son "sauveur". Elle entreprit donc de les suivre. Après une petite minute de marche épuisante, elle passa une grande porte qui failli l'écraser en se fermant sur elle dans un grondement. Le décors sembla changer, mais tout était flou... Lointain... La Florane suivit encore un peu les deux hommes, mais elle perdait de la distance, elle était trop faible. Ils finirent par la distancer en passant derrière une autre porte plus loin. Elle n'en pouvait plus, elle avait chaud, elle avait soif, elle tituba après une secousse violente. Le métal contre sa joue criait et grinçait. Elle se sentie écrasée contre lui. La jeune pousse réussi à se redresser avec grande difficulté. Elle s'appuya sur une porte qui s'ouvrit, la faisant chuter dans une pièce sombre. Dans un claquement elle l'entendit se refermer, sa vue se brouillât d'avantage, elle se sentit flotter... Puis elle sombra dans l'inconscience.

Après avoir donné mon codex au responsable du butin, je me dirigeais vers mon compartiment en tripotant machinalement les écussons restés dans ma poche. Peut-être était-il temps d'arrêter ici ? Avec tous ces morts, il allait falloir recruter... Et qui dit "nouvelles têtes" dit forcément "risques de mutinerie"... Je ne voulais pas être obligé de choisir un camp.
Je recomptais machinalement les écussons du bout des doigts.
Un...
Deux...
Trois...
J'emprunte un nouveau couloir, croise un autre mercenaire dont les traits tirés me poussent à ne pas lui adresser la parole. Je n'ai pas réellement envie de parler non plus de toute façon.
Huit...
Neuf...
J'arrive devant la porte de mon espace privé.
Di-
Je pose la main sur la poignée de la porte et la retire aussitôt. C'est poisseux. Collant même.
Je regarde d'un air incrédule mes doigts couverts d'un liquide verdâtre.
-Qu'est-ce que c'est que ce bordel...
Je jette un coup d'oeil aux alentours. Personne.
Mais au sol, d'étranges gouttes captent mon regard. Des gouttes de la même couleur que la substance qui coule maintenant le long de ma paume pour tomber sur le sol dans un bruit écoeurant.
Anxieux, je porte la main à mon ceinturon et sort mon couteau : le blaster serait aussi dangereux qu'inefficace dans un espace aussi exigu.
Je respire un bon coup, puis ouvre la porte.
Et là, sous la lueur blafarde de l'éclairage artificiel, je la vois.
Apparemment, cette florane a décidé de me coller aux basques.
Ou du moins de crever lamentablement, noyée dans son sang vert, au milieu de mon espace personnel.
Putain, fallait que ça tombe sur moi.
Je ferme la porte et la verrouille, puis me penche sous ma couchette et en sort la trousse de premiers secours. Elle s'est débrouillée pour me suivre jusqu'ici, je vais me débrouiller pour la faire survivre.

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Bon. Je crois que c'est pas trop mal.
Je regarde l'heure. Il s'est écoulé exactement 73 minutes terrestre depuis mon entrée dans la chambre.
Et je pense qu'elle est tirée d'affaire.
Enfin... Je suis pas spécialiste, et quand je regarde mon travail, je vois bien que ça tire un peu la gueule quand même. Recoudre les plaies, c'est pas mon truc. Et encore moins dans une peau à la texture aussi étrange que la sienne. Au toucher, c'est si doux qu'on croirait caresser une feuille d'arbre. Mais plantez donc l'aiguille dedans et ça se transforme en foutu tronc. Impossible de percer la peau correctement. J'ai dû me résoudre à forcer un peu, et vu les gémissements qu'elle a poussé dans son inconscience, elle a pas apprécié – enfin gémissements, c'était vraiment spécial comme bruit, même en décrivant ça comme "plein de brins d'herbes qui crissent sur une plaque d'acier", je pense pas que vous comprendriez.
Au moins, le liquide vert collant ne se répands plus sur les draps. Donc soit y'en a plus dans son corps, soit j'ai atteint mon objectif. J'ose espérer que c'est le cas.
Je range mes ustensiles et nettoie grossièrement le liquide poisseux répandu sur le sol. Puis je tire la chaise près de mon bureau et m'assieds dessus, face au lit sur lequel repose mon "invitée".
Là, j'ai dû m'endormir. Ou les floranes sont dotées d'un pouvoir de téléportation, car l'instant suivant, elle avait son visage à deux centimètres du mien, ses grands yeux bruns contemplant... Sans doute son prochain repas.

Là, j'ai dû m'endormir. Ou les floranes sont dotées d'un pouvoir de téléportation, car l'instant suivant, elle avait son visage à deux centimètres du mien, ses grands yeux bruns contemplant... Sans doute son prochain repas.

Une goutte de sueur perla sur le front du jeune homme. La florane continuait de le fixer avec intensité, son visage impassible, mais aussi beau qu'une fleur, ne laissant transparaître aucune émotion. Les yeux du mercenaire se tournèrent un instant vers sa table de nuit, où trônait toutes ses armes, trop loin hélas. Il n'avait aucune échappatoire. Surtout connaissant la fureur et la dangerosité des Florans.
Les quelques secondes passées à regarder ce visage vert aux yeux bruns lui parurent interminables. Tout semblait suspendu, le temps figé, seul le doux souffle de la créature devant lui brisait le silence de la pièce. C'est dans un petit bruit de feuillage que la mâchoire de la Florane s'ouvrit. Elle n'avait pas de dent. Pas besoin de dent quand l'on sait que cette même mâchoire pouvait presque couper le métal. Il ne put retenir un tremblement nerveux. Sa vie semblait toucher à sa fin d'une des façons les plus atroces possible. Dévoré vivant par une Florane, qu'il avait sauvé. Elle émit un sifflement à glacer le sang d'un mort. La peur se fit plus forte. C'était la fin de l'aventure. Il allait mourir. Il ferma les yeux, attendant le coup qui lui serait fatal.

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Le mercenaire venait à peine de s'endormir quand la jeune florane reprit conscience. Tout son corps était douloureux, ses yeux lui faisaient mal à cause de la lumière. Mais elle était sur quelque chose de mou. Au toucher c'était doux, ça lui faisait du bien. Elle n'avait connu que des surfaces métalliques et douloureuses. Elle se redressa et se souvint de son bras ouvert. La jeune pousse pu constater avec soulagement que sa plaie avait été recousue, fort mal, mais elle n'était pas à ça près.
C'est là qu'un ronflement vint briser le calme ambiant. Le jeune homme qui l'avait libéré il y a peu se tenait assis sur une chaise, la tête en arrière. Sa tenue encore couverte de sang et de sève. D'un pas léger et sans un bruit, elle se leva de sa couche. Il était étrange, ne ressemblant à rien de ce qu'elle connaissait. Il n'avait pas d'herbe partout sur le visage. Visage qui était assez beau d'ailleurs, malgré les diverses blessures qui le constellaient. Elle s'approcha doucement pour l'observer de plus près. Il sentait fort, mais c'était moins désagréable qu'avec les autres. Sa tête était couverte d'un peu d'herbe brune relevée vers le front. C'était plaisant à regarder. Elle toucha doucement sa main et fut surprise par la texture ainsi que le manque flagrant d'herbe là aussi. C'est à ce moment-là qu'il se redressa dans un soubresaut.
Ses yeux gris-vert la fixèrent un instant, l'air supris et béat. Puis ils se tournèrent juste une fraction de secondes vers des objets posés sur une sorte de petite table avant de la dévisager de nouveau avec une lueur de peur. Ce regard la troubla un court moment, elle ouvrit alors la bouche pour rafraîchir un peu son corps, ce qui sembla effrayer davantage le jeune homme. Pour le rassurer elle émit un petit sifflement d'appaisement. Le mercenaire ferma alors les yeux de terreur. La jeune florane fit un bon en arrière, puis s'accroupit sur le lit, le regardant avec de la distance. Peut-être que cela allait le rassurer un peu.

J'ouvre lentement un oeil.
Puis l'autre.
Et observe incrédule la florane accroupie sur ma couchette.
Elle joue à quoi bordel ? Elle me fout la peur de ma vie et elle me regarde ensuite avec des yeux humides dignes d'un chiot abandonné ?
C'est quoi son problème. Sérieusement.
En même temps je vais pas me plaindre. Je suis encore vivant, entier, et – miracle – mon pantalon n'est pas souillé d'urine.
Autant de bonnes nouvelles, ça me donnerait presque envie de chialer.
Mais je n'ose pas faire le moindre geste actuellement. Les deux yeux braqués sur moi m'en empêchent. Je n'arrive toujours pas à formuler de pensée correcte. Je devrais être mort.
Mon cerveau a dû mourir lui, car je m'entends prononcer :
-On dirait que ton bras va mieux...
Elle penche la tête sur le côté. "Tiens, le repas de ce soir veut taper la discute ?" semble me dire son visage inexpressif.
Ok. Je ne dis plus rien. C'est noté.
Mais ouvrir la bouche m'a rappelé que j'étais encore vivant. Et donc que je pouvais bouger.
Et si possible me sortir de ce guêpier.
J'essaye de raisonner mes muscles paralysés par la peur – elle est beaucoup plus effrayante que lorsqu'elle était en train de crever dans sa cellule – et me lève progressivement de mon siège. Elle me suit du regard, épiant le moindre de mes mouvements.
En prenant soin de toujours rester face à elle, je fais un pas de côté vers la porte.
Elle ne bronche pas.
Un deuxième alors ?
Là par contre, son visage change. Un mélange de surprise, de tristesse et de peur.
Je ne tente pas de troisième pas. Quelque chose me dit que ça la mettrait en colère.
Je jette un regard désolé vers mes armes. Pourquoi sont-elles si loin ?
Aucune solution ne se présente à moi. Et voilà que la florane se décide à se relever et à se diriger vers moi pendant que je reste là, les bras ballants, espérant qu'un je-ne-sais-trop-quoi en forme de bon gros miracle me tombe dessus.

Aucune solution ne se présente à moi. Et voilà que la florane se décide à se relever et à se diriger vers moi pendant que je reste là, les bras ballants, espérant qu'un je-ne-sais-trop-quoi en forme de bon gros miracle me tombe dessus.

D'un pas souple, malgré la fatigue qui l'assaillait encore, elle s'approcha lentement du mercenaire, son regard profond plongé dans celui du jeune homme qui était comme envouté. Elle émit un autre sifflement, pensant sûrement l'apaiser. Hélas ce fut l'inverse. Il avait l'air d'être pétrifié par la peur. Le visage d'une belle teinte verte de la jeune pousse se tenait maintenant à quelques centimètres de celui du mercenaire. Elle fit en sorte que son souffle soit frais et doux, comme une légère brise en été dans les champs fleuris de la Terre, pour essayer de le calmer un peu plus, de lui faire comprendre qu'elle ne lui voulait aucun mal. Mais malgré ses efforts, il tremblait. Elle eut alors peur qu'il ne tombe et meurt, comme les feuilles des arbres. Alors qu'elle allait l'attraper de ses mains griffues un petit son aigu venant de la porte rompit le silence. La Florane regarda la petite lumière clignotant au-dessus de la porte, signifiant que quelqu'un voulait entrer, sans trop comprendre.

-Je dois ouvrir, sinon ils vont s'inquiéter, souffla alors le mercenaire avec un sourire nerveux, reprenant peu à peu son courage et ses esprits.

La jeune pousse ne sembla pas comprendre, mais un second son aigu plus "appuyé" la fit bondir derrière le lit, où elle se cacha en position fœtale, prise de panique. Elle était persuadée que les hommes pleins d'herbes brunes revenaient l'emporter, lui faire du mal. Elle se mit à trembler de tout son corps en poussant de petits sifflements de peur…

Le mercenaire, un peu troublé alla tout de même vers la porte pour l'ouvrir, un troisième son venant le rappeler d'ouvrir la porte.

-Qu'est-ce que tu foutais, j'ai un- Oh merde, tu verrais ta gueule !
"Oh tu sais, c'est souvent comme ça quand on a une florane complètement instable dans sa cabine."
Je me fais violence pour ne pas répondre et examine mon interlocuteur. Pfff. Le subordonné du capitaine, ben voyons.
Jamais là au combat, mais toujours là pour réclamer sa part. Je sais même plus comment il est arrivé à ce poste. Mais jusqu'ici, il a réussi à ne pas s'en faire déloger. Une belle prouesse vu son niveau d'utilité au sein de l'équipage. Sa principale activité est d'apporter les mauvaises nouvelles : ordres du capitaine, annonce d'un nouveau départ, etc.
Je me force à sourire et réponds :
-Ouais, je... Qu'est-ce que tu veux ?
-Le capitaine voulait te voir.
-Quoi, maintenant ?
-Tu as le droit de le faire attendre si tu veux. Mais si j'étais toi, j'éviterais.
"Évidemment. Tu ne ferais jamais rien qui soit contraire à ses demandes. Même si il voulait que tu manges sa merde, tu accepterais en souriant."
Je grommelle :
-J'arrive dès que possible, je dois d'abord terminer un truc qu-
Il me coupe, un lueur d'intérêt dans son regard :
-Oh ? Laisse-moi deviner... Tu es avec quelqu'un ?
Et merde. Il a vu quelque chose ?
-Non pas du tout j-
-Tu peux me laisser entrer alors ?
-En quel honneur ?
Il pose la main sur mon torse dans un geste condescendant et essaye de me pousser hors du chemin. Je ne bronche pas et bouge encore moins. Il soupire et dégaine son blaster.
Merde, j'avais pas prévu ça.
-Du fait que je suis ton supérieur. Alors bouge tes fesses de là, j'examine ta porcherie et on va gentiment voir le capitaine.
Je m'écarte du passage. Espérons que cette florane soit un minimum intelligente et...
-Mais qu'est-ce que... ?!
Dommage.

Perdue dans ses peurs elle n'entendit pas vraiment la porte s'ouvrir, ni même la discussion entre les deux hommes. Ce n'est qu'au moment où le second mercenaire entra qu'elle rouvrit ses grands yeux marrons. C'est là qu'elle le vit. Un autre non-herbu, sauf sur son visage. Un mélange de surprise, de peur et de haine brillait dans son regard. Elle se recroquevilla de nouveau. Elle avait peur. L'homme se mit à beugler des mots qu'elle ne comprenait pas. Il hurlait comme une bête enragée. Puis elle entendit un choc. Elle ouvrit de nouveau les yeux. Celui qui l'avait sauvé venait de taper dans le bras du second, faisant tomber un étrange objet qui semblait très dangereux sur le sol. De forme oblong, ouvert sur un trou béant d'où s'échappait la mort. Elle le savait, les herbus en avaient. Plusieurs créatures qu'elle cotoyait ont reçu cette lumière rougeâtre dans le corps et ne se sont jamais relevées.

L'homme beugla de plus belle, il frappât avec violence son sauveur. La jeune pousse sentie alors sa sève bouillir. Elle se redressa à une vitesse fulgurante. La peau de l'homme n'eut même pas le temps de pâlir que déjà elle plantait sa main aux longs doigts tranchants en plein dans son abdomen bedonnant. Sans le laisser réagir, elle la retira en sifflant de rage telle une tempête déchainée et lui trancha d'une simple pirouette l'un de ses bras encore ballant. L'homme se mit à geindre puis à hurler de plus belle tout en chutant sur le sol dans ses propres entrailles.

La floranne se précipita sur l'autre mercenaire, qui lui aussi était pâle comme un linge. La voyant arriver, il eut pour réflexe de mettre sa main devant lui. Mais elle se stoppa net à quelques centimètres, le fixant tranquillement de son regard sans émotion.
L'instant sembla suspendu, son sauveur restait pétrifié. Elle le regardait comme si de rien était alors que le sang encore chaud de son ancien "collègue" la recouvrait partiellement. C'est à ce moment-là qu'un troisième homme arriva en courant. Passant la porte, il se figea quelques secondes devant l'horreur et l'étrangeté de la scène. Alors que son sauveur voulu le calmer d'un geste de main, le nouvel arrivant l'interpreta mal, et tout en appuyant sur le bouton d'alerte à côté de la porte, il dégaina son arme. Mais il n'eut que le temps de la sortir de son étui, la jeune pousse venait déjà de bondir sur lui, sauf qu'elle ne ressentait que de la peur, pas d'agressivité, alors elle ne fit que frapper dans l'objet oblong pour l'envoyer voler à plusieurs mètres de l'homme.

C'est alors qu'un son assourdissant se mit à retentir de toute part. Des lumières rouges clignotaient  dans les angles de la pièce.
La floranne prit peur, elle attrapa prestement son sauveur encore à terre, qui n'eut même pas le temps de réagir. Malgré sa carrure, elle le souleva avec une simplicité déconcertante et le mit sur son épaule, puis elle bouscula le second homme encore pétrifié à l'entrée pour s'engager dans le couloir.

Déjà plusieurs autres mercenaires arrivaient de tous côtés suintant de menace et de peur, objet de mort à la main. Elle se mit à courir au hasard des couloirs, bousculant certains des hommes trop lents pour réagir. Le non-herbu sur son épaule esseya de se débattre un peu jusqu'à ce que sa tête heurte un angle de porte, lui faisant perdre connaissance. Tous les sens de la fugitive étaient en alerte, elle ressentait chaque chose autour d'elle, chaque être-vivant. Ils étaient nombreux, trop nombreux. Et dangereux. Alors qu'elle sentait l'étau se resserer, elle vit une porte ouverte non loin d'elle et s'y engouffra prestement.

Mais c'était une impasse, et déjà la porte se refermait dans son dos. Elle déposa alors son compagnon de d'infortune sur le sol avec délicatesse.

Ah putain... Ma tête...
Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
On verra demain, j'ai juste envie de dormir...
..Ho tiens, j'ai cru entendre un truc déplaisant.
Je me redresse d'un coup.
-Tiens, vous voyez qu'il était vivant !
Je tourne la tête en direction de la voix, et j'ouvre difficilement les yeux.
Là, de l'autre côté d'un sas surmonté d'un hublot, m'observent deux membres de l'équipage, l'air tendu. Je reconnais vaguement le décor, il semblerait que je sois dans une capsule de sauvetage. Mais qu'est-ce que je fous là ?
Je porte la main à ma tête, grimaçant en sentant une vilaine entaille sous mes doigts.
La douleur agit comme un électrochoc, et je reprends rapidement mes esprits.
La florane.
Je me lève précipitamment et je me retourne. Elle est là, à quelques mètres de moi, encore éclaboussée du sang de mon ami - enfin c'est un grand mot, disons plutôt... bon, disons connard, ce serait plus juste.
Cette constatation ne change hélas rien à ma situation. J'avance à reculons vers le sas.
-Les mecs, je vais bien, ouvrez-moi.
Pas de réponse.
Je tourne la tête, essayant de garder la florane dans mon champ de vision, et je réitère mon appel :
-Hahaha, c'était drôle les gars, mais maintenant c'est bon, laissez-moi sortir avant que ce truc ne décide de me bouffer...
-Tu rêves mon gars.
Je hausse les sourcils.
-Jeeeee heu pardon ? C'est vous capitaine ?
-Oui. Et je te dis que tu ne sortiras pas. On ne prendra pas le risque que cette chose sorte avec toi.
Stupéfait, je me tourne vers mon interlocuteur. Il se fout de moi ?
Je formule ma pensée en essayant de contrôler ma voix :
-Vous vous foutez de moi ?
-Adieu.
J'entends un chuintement, puis un grondement emplit mes oreilles, suivi d'une violente secousse qui me jette au sol.
Je reste un instant allongé, ma bouche s'emplissant d'un goût métallique - apparemment, je me suis mordu la langue - puis je prends mon courage à deux mains et je me relève.
Tiens, des étoiles derrière la vit...
Des...
Je fais un pas mal assuré, et je m'agrippe aux rebords du hublot.
Là-bas, loin, de plus en plus loin, un vaisseau occulte les étoiles. Je murmure :
-Ils m'ont vraiment balancé ces salauds...
Mes yeux s'embuèrent contre ma volonté. Je suis seul avec une florane dans une navette spatiale de quelques mètres carrés. Si je ne me défends pas, je ne survivrais pas plus de trois courtes heures.
Mais je n'ai pas envie de me défendre. Pourquoi faire ? Pour avoir le plaisir de mourir lentement de faim et de soif ?
Je la sens se rapprocher de moi.
Je ferme doucement les paupières.
Je n'ai plus envie de me battre.

Je tressaille lorsque les courtes épines recouvrant ses doigts transpercent mes vêtements.

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Spoiler:

Omfg mais c'est quoi cette fin ! C'est dix fois pire que la fin de mon propre RP    

Enfin non c'est sympas et très ouvert, de quoi attiser les suppositions huhu. Biscotte se serait pas transformé en Floran? Je ne sais comment interpréter la dernière phrase.

Enfin bref ! C'est une belle conclusion pour ce beau RP ! Et je vous donne un bon point pour avoir été les premier à conclure votre aventure ici même. Vous avez effectué ici un travail de coopération remarquable qui mériterait d'être publié sur le site ou idk  

(L'image marche pas !)

Mince :c
Merci pour ton retour Koki, ça fait plaisir !  
On pense commencer le chapitre 2 assez rapidement (et oui, regardez le titre : "chapitre premier", haaaanw), où on essayera de tenir un rythme d'un post par semaine :p
Ptetre que ce sera le chapitre où on rencontre la commu Spacedawn, on verra :D

Ohlala cette fin ouverte ça me dégoûte!   

C'était sympa à lire tout ça, par contre je dois avouer avoir trouver l'action énormément répartie! (Oui parcque à moins que j'me trompe il s'est passé énormément de temps dans la chambre avec la Florane)

Vivement le chapitre deux.

Oui mais en même temps c'est fait pour. Le premier "vrai" contact entre l'humain et la florane, fallait pas qu'on le torche de trop ^^
Rohlalala, arrêtez de rager sur ma fin ! :P

Content que ça plaise

Ils ferons des "choses" dans le 2eme chapitre?   

Omg z'êtes devins dégueulasses !   

Ce gif est abominable...  

Et oui, ils feront des choses...  

Plein de trucs... Parfois très sales...

Ce gif est un win absolue, même si il est moins bien que celui là :

Mwaif, je préfère l'autre, perso